Habitant à Moscou, elle parle quotidiennement de la culture kazakhe, détruit les stéréotypes et redécouvre le sens des coutumes et traditions de son peuple à des milliers d'abonnés. Dans cette interview, la blogueuse ethno Liya Bergen partage son histoire personnelle de quête d'identité, explique pourquoi les jeunes doivent savoir porter correctement les vêtements et bijoux nationaux et comment Instagram peut restaurer le respect de leurs racines.
Vous vous positionnez comme blogueuse ethno : que signifie ce terme pour vous personnellement ? Quelles racines ethniques considérez-vous comme les plus importantes de votre histoire ?
Pour moi, un blogueur ethno n'est pas seulement une personne qui diffuse les coutumes et traditions kazakhes. Il est important pour moi de pouvoir préserver l'histoire et la culture dans les réalités modernes. J'ai toujours ressenti une proximité avec mes racines, mes origines et ma patrie. Habitant à Moscou, je comprends que je porte en moi une part du Kazakhstan : je porte des vêtements nationaux dans le métro, je parle de nos coutumes aux jeunes. Je pense que c'est bien plus qu'un simple travail de blogueuse. Mon âme est en moi. Comment avez-vous décidé d'associer thèmes ethniques et blogging ? Qu'est-ce qui vous a poussé à partager vos traditions publiquement ?
- Tout s'est fait très naturellement. Ayant déménagé à Moscou, je souhaitais conserver mon blog tout en restant en contact avec mon pays d'origine. J'ai commencé à remarquer l'intérêt des étrangers pour notre culture, nos traditions et notre capacité à être amicaux et solidaires. Cela m'a incitée à partager du contenu national avec mon public.
Dans l'un de vos articles, vous écrivez : « Je suis une Kazakhe installée à Moscou, mais profondément attachée à ses steppes et à ses traditions natales. » Comment s'est opérée cette combinaison de vie : adaptation à un nouvel environnement et préservation de l'appartenance culturelle ?
- Bien sûr, lorsque j'ai déménagé à Moscou, tout semblait nouveau. Mais s'adapter à un nouvel endroit ne signifie pas abandonner soi-même et ses racines. La culture kazakhe est pour moi comme une boussole intérieure qui m'aide à ne me perdre dans aucun pays.
Envisagez-vous de partager votre culture sous d'autres formes : livres, documentaires, événements hors ligne ? Pour l'instant, je me concentre sur le blog, mais si je constate l'intérêt de mes abonnés, je me consacrerai certainement entièrement à ce nouveau projet.
Souhaitez-vous influencer la politique culturelle, la popularisation des traditions, officiellement ou par le biais de projets civiques ?
Je ne me fixe pas cet objectif, mais si mon blog s'inscrit dans un projet plus vaste, inspire et guide la jeune génération, et que je constate que ma voix influence la communauté civile, alors, bien sûr, je serai ravi de mener des projets civiques révélant la culture et l'histoire de la nation.
Vous préparez un mariage, dites-nous comment vous comptez préserver les traditions lors d'un mariage international ? Comment votre famille a-t-elle accueilli votre décision ?
Le respect de toutes les traditions est important pour moi. De plus, nous avons beaucoup en commun avec les Tatars et les Kazakhs dans le respect des coutumes. Les deux familles ont accueilli notre décision avec chaleur et respect.
Quelles sont les trois principales connaissances que vous avez acquises sur vous-même grâce à l'ethnoblogging ?
Mon identité, ma force. Les traditions sont mon soutien et ma voix. Plus je m'immerge dans la culture de mon peuple, mieux je me comprends. Mon amour pour la culture n'est pas une simple tendance, je suis heureuse qu'il prenne de plus en plus de sens.
Qui est votre public ?
- La majorité – 70 % sont des Kazakhs, et j'en suis fière. Il y a aussi un public d'Asie centrale. Mais je m'efforce de faire découvrir mon blog au plus grand nombre d'étrangers et de s'imprégner de la culture nationale. Peut-être qu'à l'avenir, je bloguerai en anglais pour attirer un public international.
Quel est l'objectif et la mission de votre blog ?
- Je veux montrer qu'être Kazakh aujourd'hui est important, intéressant et beau. Je souhaite que les filles de ma génération ne soient pas timides, mais qu'elles étudient et parlent de leurs racines à travers la langue, la culture, l'humour et le style. Mon blog explique comment préserver son identité sans perdre en légèreté et en pertinence.