La littérature comme clé du code national : ce qu'un étranger devrait lire lors d'une visite au Kazakhstan

La littérature comme clé du code national : ce qu'un étranger devrait lire lors d'une visite au Kazakhstan

Le Kazakhstan, ce n'est pas seulement la steppe, l'esprit nomade et une palette ethnique unique, mais aussi une riche tradition littéraire qui incarne le code national du peuple. Les livres permettent de comprendre la philosophie de la vie nomade, la profondeur de la vision du monde kazakhe et les valeurs du peuple kazakh. La question est : quelles œuvres peuvent servir de guide à un étranger découvrant la culture du pays pour la première fois ? Aujourd'hui, la littérature kazakhe est plus qu'un simple patrimoine artistique. Elle est le reflet de l'identité nationale, des quêtes spirituelles et de la mémoire historique. Du folklore et des classiques à la prose contemporaine, chaque œuvre révèle des facettes uniques de la culture kazakhe, la rendant accessible à un public international. Dans un entretien avec Qazaq Culture, nous nous entretenons avec Gaziza Nurgaliyeva, directrice de la Bibliothèque nationale de la République du Kazakhstan, qui préserve et enrichit la richesse spirituelle du pays depuis plus d'un siècle. Nous discutons de livres, de traductions, de diplomatie culturelle et des lectures essentielles pour quiconque souhaite pénétrer au cœur de la culture kazakhe. Les analystes culturels soulignent qu'une compréhension approfondie du monde kazakh exige plus qu'une connaissance superficielle des faits historiques ou du mode de vie du peuple. Il est plus important de comprendre comment le peuple lui-même concevait sa vie à travers les mots. La littérature et la tradition orale servent en quelque sorte de « code d'accès » à l'identité nationale. Nous savons que les touristes et les visiteurs de la capitale ont toujours été intéressés par la culture kazakhe à travers la cuisine, l'histoire et les monuments. Qu'en est-il du patrimoine littéraire ? Quels livres et auteurs, selon vous, sont essentiels à la compréhension de la culture kazakhe pour les lecteurs étrangers ?
- Merci pour cette question intéressante. Le folklore kazakh est un élément clé. C'est une sorte de « code génétique » de la culture, préservant non seulement les images poétiques, mais aussi les fondements de la vision du monde, des principes moraux et de la philosophie de vie des nomades. Le folklore est un miroir de la mémoire nationale, où les valeurs qui ont façonné le peuple au fil des siècles sont transmises à travers les contes, les légendes, les mythes, les proverbes et les énigmes. C'est ici que nous trouvons des réponses à des questions telles que la perception du monde et la place que les Kazakhs y occupaient, leurs relations avec la nature et les hommes, et les idéaux qu'ils considéraient comme suprêmes.
La tradition orale nous a transmis des idées sur le courage et la liberté, le respect des aînés et le caractère sacré des liens familiaux, l'hospitalité et l'harmonie avec la nature. Ce n'est pas sans raison que de nombreux chercheurs soulignent que le folklore peut être considéré comme une sorte d'« encyclopédie » de la vie spirituelle du peuple. Il préserve des images et des symboles mythologiques qui, une fois déchiffrés, nous permettent de comprendre la profondeur de la vision du monde kazakhe.
Les travaux de Serikbol Kondybai, chercheur qui a réussi à replacer la mythologie kazakhe dans un cadre culturel mondial, sont particulièrement remarquables. Ses œuvres expliquent non seulement le symbolisme des images anciennes, mais permettent également aux lecteurs étrangers de considérer la culture kazakhe non pas comme un fragment du patrimoine asiatique, mais comme une strate indépendante et unique de la civilisation mondiale.

Deuxièmement, les œuvres historiques et littéraires occupent une place particulière, devenant essentielles à la compréhension du destin national par l'expression artistique. Le roman épique « Le Chemin d'Abaï » de Moukhtar Aouézov n'est pas seulement une biographie du grand poète, mais aussi une philosophie du peuple, de sa quête spirituelle et de ses contradictions internes à un tournant d'une époque. Le destin d'Abaï révèle le drame d'une nation entière confrontée aux défis de la modernisation et de la préservation des traditions.
Tout aussi importante est la trilogie « Nomades » d'Ilyas Essenberlin, qui présente pour la première fois l'histoire kazakhe sous une forme artistique accessible à un large public. Les événements historiques et le destin des batyrs y sont présentés non comme des mythes ou des légendes, mais comme le souffle vivant du passé qui a façonné le caractère de la nation. Pour les lecteurs étrangers, ces œuvres offrent un pont pour comprendre comment l'État kazakh moderne a émergé du mode de vie nomade.
Ainsi, le folklore kazakh et les œuvres historiques et littéraires forment deux couches interconnectées du patrimoine culturel. Le premier préserve des significations, des valeurs et des archétypes archaïques, tandis que le second les interprète à travers le prisme des événements historiques et de l'expression artistique. Ensemble, ils créent une image holistique du monde kazakh, permettant aux étrangers non seulement d'acquérir des connaissances, mais aussi de ressentir l'esprit de la steppe, de découvrir le visage vivant du peuple et de comprendre ses valeurs spirituelles. C'est précisément pourquoi ces œuvres peuvent être considérées comme la clé d'une compréhension profonde et complète de la culture et de l'identité nationale kazakhes. Je suis convaincu que les étrangers devraient absolument commencer leur découverte de la littérature kazakhe par ces œuvres.
Si le folklore et les œuvres historiques et littéraires majeures constituent les fondements de la compréhension de l'identité nationale, l'aspect essentiel est la manière dont la littérature révèle la philosophie de la vie nomade et le caractère même du peuple. Ce n'est pas un hasard si la culture kazakhe s'est initialement développée dans la steppe, où tout – de la vie quotidienne à la vision du monde – était étroitement lié à la nature, au mouvement et à la capacité à préserver l'harmonie et l'honneur. Qu'est-ce donc dans la littérature kazakhe qui traduit le mieux la philosophie de la vie nomade, le caractère national et les valeurs du peuple ? La littérature kazakhe est le principal trésor spirituel du peuple, reflétant son mode de vie, ses traditions, ses valeurs et son caractère à travers l'expression artistique. Elle capture non seulement la vie et les expériences quotidiennes, mais les intègre également à la mémoire culturelle.
Cela est particulièrement évident dans les œuvres de Kalikhan Yskak, Kabdesh Zhumadilov et Abish Kekilbayev. Leurs romans et nouvelles constituent une véritable galerie d'art, révélant des valeurs morales telles que l'humanité, le courage et le respect des traditions. Les récits et romans de ces auteurs constituent une véritable galerie d'art, permettant au lecteur d'acquérir une compréhension multidimensionnelle du monde spirituel, social et personnel du peuple kazakh.
Lire de la fiction kazakhe nous permet d'approfondir notre compréhension de nos valeurs nationales, de nos traditions et de nos expériences de vie, et de trouver les moyens les plus efficaces de les préserver et de les transmettre au public étranger.
Pour en revenir au lecteur étranger, si l'on devait établir une liste d'or des lectures obligatoires pour les étrangers, quelles œuvres y figureraient ? Pourquoi celles-ci ? Si l'on me demandait quelle « liste d'or » littéraire un étranger devrait lire pour comprendre le Kazakhstan, je citerais les épopées « Koblandy Batyr » et « Alpamys Batyr », le roman philosophique « Paroles d'édification » d'Abaï, le roman épique « Le Chemin d'Abaï » de Moukhtar Aouézov, et la trilogie « Nomades » d'Ilyas Essenberlin. Et parmi les proses contemporaines, Oralkhan Bokey et Dulat Isabekov. Ces ouvrages traduisent au mieux l'esprit de la steppe, la philosophie de la vie nomade et le caractère de notre peuple.

Bien sûr, cette liste pourrait être allongée, mais les résultats de l'enquête nationale « 100 Livres » confirment que ces œuvres méritent amplement leur place sur la « liste d'or » nationale. Elles sont reconnues comme des textes uniques qui reflètent pleinement le niveau artistique de la littérature kazakhe, ses valeurs spirituelles et son patrimoine historique et culturel.
La connaissance de ce riche corpus littéraire non seulement façonne le goût littéraire, mais contribue également à une compréhension approfondie du code culturel national. De plus, la lecture d'œuvres classiques devient un outil essentiel pour préserver et transmettre les valeurs spirituelles aux générations futures, et, pour les lecteurs étrangers, la clé pour comprendre l'essence du peuple kazakh.
Il est encourageant de constater qu'à l'ère du numérique et des gadgets, nombreux sont ceux qui n'ont pas perdu leur intérêt pour la lecture. Comment, selon vous, les préférences littéraires des Kazakhs ont-elles évolué au cours des dernières décennies ? Ce qu'ils lisaient autrefois et ce qu'ils lisent aujourd'hui ?

Il est bien connu qu'au cours des dernières décennies, l'intérêt des lecteurs s'est porté sur les ouvrages de psychologie, de motivation et de développement personnel, et leur taux de lecture a considérablement augmenté. Cependant, ces dernières années, une tendance inverse a été observée : un retour à la fiction, qui redevient progressivement une habitude stable. La diversité des centres d'intérêt des lecteurs témoigne de la richesse du développement culturel, du désir de connaissance et de croissance spirituelle. Se tourner vers la fiction permet d'approfondir le patrimoine littéraire national et mondial.

Le regain d'intérêt pour la fiction soulève naturellement la question suivante : quels auteurs contemporains et quels nouveaux genres reflètent le mieux l'esprit du temps et sont capables de captiver l'attention des lecteurs, non seulement nationaux, mais aussi internationaux ?

Inspirés par la littérature mondiale, les écrivains kazakhs contemporains développent de nouveaux genres, du roman policier et de science-fiction à la fantasy et à la bande dessinée. Ces genres contribuent à saisir l'esprit du temps et à rapprocher la littérature des jeunes générations. Cette tendance est particulièrement perceptible dans sa synthèse avec l'industrie cinématographique, où la littérature acquiert de nouvelles formes d'expression.
Parallèlement, comme nous l'avons déjà souligné, les réinterprétations artistiques du folklore et de la mythologie kazakhs peuvent intéresser particulièrement le public étranger. Dans un format moderne, elles sonnent vivantes et pertinentes, préservant les racines nationales tout en s'ouvrant au monde par des images et des significations universelles.
Les auteurs contemporains recherchent de plus en plus de nouvelles formes d'expression et de nouveaux moyens de transmettre les récits nationaux à un public international. Une question importante se pose alors : dans quelle mesure la littérature kazakhe est-elle bien représentée aujourd'hui dans les traductions en anglais, en français, en chinois et dans d'autres langues ? L'histoire montre que la traduction a toujours joué un rôle clé dans la littérature kazakhe et qu'elle a connu un développement fructueux à chaque étape. Sous l'ère soviétique, la traduction des classiques internationaux a atteint un niveau élevé et, dans le cadre du programme « Patrimoine culturel », de nombreuses traductions ont été réalisées, révélant la richesse de la littérature kazakhe à un public plus large. Le Bureau national de traduction a également apporté une contribution significative grâce au programme « Rukhani Zhangyru », qui a œuvré avec succès ces dernières années à la promotion systématique de la littérature kazakhe.
Néanmoins, la traduction de la littérature kazakhe en langues étrangères reste un problème non résolu. L'absence d'approche systématique et de contrôle qualité donne souvent aux lecteurs étrangers une image déformée de notre littérature. Si les traductions sont réalisées avec compétence, professionnalisme et un niveau littéraire approprié, la littérature kazakhe sera présentée au public mondial dans toute sa beauté naturelle et sa profondeur de pensée.
Vous avez tout à fait raison. Envisagez-vous donc de développer des projets de traduction ou de collaborer avec des éditeurs internationaux pour rendre la littérature kazakhe plus accessible au monde ? La bibliothèque collabore activement avec les consulats étrangers et enrichit et enrichit systématiquement sa collection de livres. À l'avenir, nous prévoyons d'élaborer des plans de collaboration stables et clairs avec des éditeurs internationaux afin de garantir des ajouts complets et de haute qualité à notre collection littéraire. Ces mesures renforceront non seulement la coopération internationale de la bibliothèque, mais permettront également à un public plus large d'accéder aux meilleures œuvres de la littérature mondiale, ouvrant ainsi de nouveaux horizons aux échanges culturels.
Note : La première partie de l'entretien a démontré que la littérature kazakhe est non seulement un riche patrimoine, mais aussi une forme d'art contemporain dynamique qui cherche à toucher le cœur des lecteurs. Cependant, nous n'avons abordé que quelques sujets. Des questions encore plus importantes se posent : comment la Bibliothèque nationale s'efforce-t-elle d'intégrer la littérature kazakhe dans l'espace culturel mondial ? Comment mobiliser les jeunes, kazakhs et internationaux, à l'ère des médias numériques ? Et quels projets internationaux contribuent à présenter la littérature kazakhe non seulement comme un texte, mais aussi comme une expérience culturelle unique ? Découvrez-en plus sur ce sujet et bien plus encore dans la deuxième partie de notre entretien avec Gaziza Nurgalieva ; la suite promet d'être encore plus instructive et inspirante.

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04.10.2025