L'animation comme miroir de la culture : la Semaine du film d'animation nationale s'est déroulée au Kazakhstan

L'animation comme miroir de la culture : la Semaine du film d'animation nationale s'est déroulée au Kazakhstan

Du 20 au 24 octobre, Astana a accueilli la Semaine nationale du film d'animation, un projet culturel d'envergure organisé avec le soutien du ministère de la Culture et de l'Information de la République du Kazakhstan et de l'association créative Kazakhanimatsiya, au studio Shaken Aimanov Kazakhfilm. Cet événement permet non seulement de découvrir le riche patrimoine de l'animation nationale, mais aussi de souligner son importance en tant qu'industrie indépendante et dynamique, qui façonne le code culturel du pays moderne.

Cette semaine a été l'occasion d'échanger sur l'évolution actuelle de l'animation kazakhe, les sujets qui préoccupent les créateurs aujourd'hui et les raisons pour lesquelles le dessin animé est plus qu'un simple divertissement, mais un élément essentiel de l'identité nationale. Aiken Dzhambulova, directrice de l'association créative Kazakhanimatsiya, s'est entretenue avec Qazaq Culture à ce sujet et sur bien d'autres sujets.

Aiken, pourriez-vous nous expliquer l'idée sous-jacente à la Semaine nationale du film d'animation ? S'agit-il d'une célébration de l'art ou d'une tentative d'attirer l'attention sur le développement de l'industrie ?

Merci de votre intérêt pour l'industrie. L'idée principale de la « Semaine » est de mettre en valeur la richesse et le développement de l'animation nationale, en réunissant classiques et projets contemporains. Il ne s'agit pas seulement d'une célébration artistique, mais aussi d'une occasion de souligner l'importance de soutenir l'animation en tant que secteur qui façonne l'identité culturelle du Kazakhstan.
Quel est votre point de vue sur l'animation kazakhe actuelle ? Peut-on parler de la formation de notre propre « école kazakhe » ?
- C'est un sujet très profond. L'animation nationale a des racines profondes. Dans les années 1960, les premiers dessins animés sont apparus au studio Kazakhfilm, et le réalisateur Amen Khaidarov est devenu le fondateur de cette école nationale, créant des films emblématiques comme « Pourquoi l'hirondelle a-t-elle des cornes sur la queue ? ».
À l'époque, c'était une œuvre de passionnés, mais aujourd'hui, l'animation se développe comme une industrie à part entière, avec un centre de production, des programmes éducatifs et des partenariats internationaux. Des studios tels que Balapan, Sak Studio, Toonbox Kazakhstan et Kazakhanimation, entre autres, sont présents dans le pays. On peut parler avec assurance de l'émergence d'une école kazakhe moderne, dotée d'un style reconnaissable, axée sur les symboles et les traditions nationales, et d'un langage visuel qui rend notre animation distinctive et compétitive.

Une question se pose alors naturellement : quels sont les thèmes qui préoccupent les animateurs kazakhs aujourd'hui ? Continuent-ils à s'inspirer des mythes et des contes populaires, ou se tournent-ils de plus en plus vers des histoires contemporaines qui reflètent l'esprit d'une nouvelle génération de spectateurs ?

Aujourd'hui, les créateurs expérimentent avec audace les genres et les significations. Cette année, l'Association kazakhe d'animation a lancé douze projets pilotes, du film d'horreur populaire « Su perisi », qui aborde des questions environnementales, à la comédie dramatique philosophique « Shanyrak » et au thriller policier « Kolenke ». On y trouve des films fantastiques, des drames, des comédies, des séries comme « Aibyndy Aul » (Le Village d'Aul) et des films originaux comme « Les Larmes d'Umai » et « Le Fantôme de Nauryz ». Cela témoigne de maturité et de liberté : l’animation kazakhe actuelle ne se limite pas au genre jeunesse.
D’où la question logique suivante : dans quelle mesure notre animation est-elle techniquement et professionnellement préparée à la compétition internationale ?
- Les studios kazakhs sont équipés pour répondre aux normes modernes et nos spécialistes maîtrisent toutes les technologies de pointe. Nous développons activement nos talents : nous avons organisé une série de master classes internationales avec des experts du Canada, de la France et de l’Arménie.
Les sujets abordés couvraient tous les domaines, de la narration visuelle à la planification financière de projets. Cela nous a permis de consolider systématiquement nos bases professionnelles et d’élever la qualité de notre travail à un niveau supérieur.
Maintenant que l’industrie prend son essor, il est particulièrement intéressant de savoir : quels films les spectateurs pourront voir lors de la Semaine nationale du film d’animation ?
- Le programme combine classiques et films contemporains. Il comprend des chefs-d'œuvre numérisés d'Amen Khaidarov – « Pourquoi une hirondelle a-t-elle des cornes sur la queue ? », « Aksak Qlan », « Quarante contes inédits », « Sagesse et richesse » – ainsi que de nouveaux longs métrages tels que « Altyn Adam », « Muzbalaq » et « Kultegin ».
Les spectateurs découvriront le parcours de l'animation kazakhe, des premiers croquis à la main à l'infographie et à la technologie 3D.
C'est tellement captivant que j'aimerais savoir qui se cache derrière ces projets ? Y a-t-il de jeunes talents à suivre ?
- Merci. Tous les films ont été créés par l'association créative « Animation kazakhe » de Kazakhfilm. Le programme met en vedette les réalisateurs Turdybek Maidan, Tilek Toleugazy, Adai Abildinov, Kuanysh Nagyz, Janadil Baidarbekov et Azamat Yernazarov.
En plus des artistes confirmés, de nouveaux talents émergent et travaillent sur des projets pilotes. Nous sommes convaincus que parmi eux se trouvent de futures stars dont les œuvres seront bientôt reconnues et appréciées du public.
Nous comprenons que les films d'animation ne sont pas seulement un divertissement, mais un puissant outil de transmission de valeurs, de visions du monde et d'identité nationale à une nouvelle génération de spectateurs. Quel rôle joue, selon vous, l'animation dans le façonnement de l'identité culturelle du Kazakhstan ?
- Oui, l'animation n'est pas réservée aux enfants. C'est un langage compris par toutes les générations. Grâce aux dessins animés, nous pouvons aborder les valeurs, la langue et les traditions nationales.
Nos projets deviennent souvent des outils de diplomatie culturelle, représentant le Kazakhstan lors de festivals internationaux et faisant découvrir notre culture au monde entier par le biais de l'imagerie. Il est important de noter que la géographie vaste et diversifiée du Kazakhstan, des steppes du sud aux plaines du nord, crée une palette culturelle unique. Chaque région possède ses propres légendes, héros et codes visuels qui inspirent artistes et réalisateurs. Par conséquent, l'organisation de tels événements dans différentes villes du pays peut contribuer non seulement à la popularisation de l'animation, mais aussi à l'intégration culturelle et au dialogue entre les régions. Dans ce contexte, une question logique et symbolique se pose : pourquoi Astana a-t-elle été choisie pour accueillir la Semaine nationale du film d'animation ?

Astana est effectivement devenue un pôle incontournable pour les industries créatives, et ce n'est pas un hasard. Outre le siège de l'équipe dirigeante de Kazakh Animation, la capitale bénéficie de nombreux atouts structurels qui en font un choix logique pour l'organisation de la Semaine nationale du film d'animation.

Premièrement, les infrastructures. Astana concentre des salles de projection modernes, des studios professionnels, des espaces de coworking et des centres de postproduction – des plateformes techniques qui permettent non seulement de présenter des œuvres achevées, mais aussi d'organiser des master classes, des ateliers et des laboratoires collaboratifs dans un format « travail et apprentissage ». Cela améliore l'efficacité des interactions entre créateurs, producteurs et experts.

Deuxièmement, les ressources humaines et le potentiel éducatif de la ville. Des initiatives éducatives – cours, stages et programmes d'échanges internationaux – se développent dans la capitale, favorisant l'afflux de jeunes professionnels et améliorant le niveau professionnel du secteur. La présence de plateformes éducatives spécialisées accélère le transfert de connaissances et la mise en œuvre de pratiques modernes.
Enfin, la ville joue un rôle stratégique en matière de politique culturelle. L'organisation de la Semaine dans la capitale témoigne du fait que l'animation est perçue non seulement comme un divertissement, mais aussi comme un outil de diplomatie culturelle et de renforcement de l'image de marque nationale. Le programme du festival permet de véhiculer des codes visuels représentatifs du Kazakhstan à l'international, tout en stimulant le dialogue culturel interne entre les régions. Ainsi, le choix d'Astana allie des facteurs pratiques (infrastructures, personnel, communication) et des objectifs stratégiques (visibilité, exportation culturelle, centralisation des initiatives), faisant de la capitale une plateforme naturelle pour la promotion professionnelle et à grande échelle de l'animation kazakhe.

Peut-on alors affirmer que la Semaine du film d'animation national deviendra un événement annuel ?
- Nous l'espérons. Cet événement inspire les jeunes créateurs, rassemble des professionnels et suscite l'intérêt pour les projets nationaux. Notre objectif est de pérenniser ces initiatives et de soutenir la production de nouveaux films nationaux.

Enfin, comment envisagez-vous l'avenir de l'animation kazakhe ? Au cours des 5 à 10 prochaines années, l'industrie prévoit de développer l'éducation, de créer un laboratoire d'animation et de collaborer à des coproductions internationales. Nous nous efforçons de rendre les dessins animés kazakhs reconnaissables non seulement au niveau national, mais aussi international.

À titre personnel, deux films illustrent parfaitement l'esprit de notre animation : « Aqsak Qulan » et « Altyn Adam » d'Amen Khaidarov. Le premier, c'est parce qu'il intègre mythologie et traditions vivantes, et le second, parce qu'il montre comment l'histoire nationale peut s'exprimer dans le langage du cinéma moderne.


138
27.10.2025